Wael Ghonim, cybermilitant, héros malgré lui

18 Fév

La révolution égyptienne a trouvé son héros, sa voix. Il s’appelle Wael Ghonim et travaille pour le géant Google au Moyen-Orient. Près d’une semaine après la chute d’Hosni Moubarak, la population égyptienne n’est pas prête d’oublier celui qui est considéré comme l’instigateur du soulèvement, qui a débuté le 25 janvier dernier.

Wael Ghonim, cadre chez Google, a joué un rôle-clé dans la mobilisation de la jeunesse égyptienne sur Facebook et l’a payé d’un séjour en prison. C’est en janvier que ce jeune trentenaire, sous le pseudonyme « Shaheed », créé un groupe sur le réseau social Facebook : «Nous sommes tous des Khaled Saïd », du nom du jeune blogueur battu à mort par des policiers en civil, en juin 2010. Rapidement, cette page devient le point de ralliement des manifestations contre le gouvernement, qui commencent le 25 janvier.
Wael Ghonim jouait déjà un rôle important bien avant le début du soulèvement contre la dictature. Mais le 7 février dernier, c’est en véritable héros qu’il a été accueilli place Tahrir, au Caire.

Le 27 janvier, alors qu’il manifestait dans les rues du Caire, au milieu d’une foule d’opposants au régime Moubarak, Wael Ghonim est arrêté.

Pendant douze jours, il est porté disparu. Pendant douze jours, ses amis et sa famille le cherchent, redoutant le pire : le voir subir le même sort que Khaled Saïd. Il était en fait interrogé par la Sécurité d’État à propos de son groupe Facebook.

Héros malgré lui …

Aujourd’hui libéré, Wael Ghonim est un véritable héros, malgré lui … Après sa libération, il accorde un entretien devant les caméras de la chaîne privée Dream 2 (voir vidéo ci-dessous). Le jeune homme raconte sa détention, parle de la révolution. Un entretien chargé d’émotion, suivi par des millions d’Egyptiens.
Et sa popularité ne cesse de croître. Plus de 160 000 personnes se sont déjà inscrites sur un groupe Facebook pour lui demander de devenir le porte-parole de la révolution égyptienne.

Et pourtant, le cybermilitant ne pense pas mériter ces ovations. « Je ne suis pas un héros », a-t-il clamé lors de son entretien sur Dream 2. « J’étais endormi pendant douze jours », faisant référence à sa période de détention. « Les héros sont ceux qui étaient dans la rue, ceux qui se sont fait tabasser, ceux qui se sont fait arrêter, qui se sont mis en danger. Je ne suis pas un héros. »

Pour le jeune militant, cette révolution appartient avant tout à la jeunesse internet, à la jeunesse égyptienne, à tout le peuple. « Il n’y a pas de héros. Personne ne doit voler ce rôle. Nous sommes tous des héros. » Wael Ghonim, un homme qui a ému des milliers d’Égyptiens à sa libération, à travers ses paroles prononcées à la télévision égyptienne. Honnêteté, émotion, sincérité, il est le premier à émerger parmi les « enfants de Facebook », qui ont créé les conditions de cette révolution. Et les Égyptiens sont convaincus que l’on n’a pas fini d’entendre parler de Wael Ghonim.

Depuis sa remise en liberté, le jeune homme a repris son activité sur le net, et notamment sur Facebook et Twitter, appelant les Égyptiens à poursuivre cette révolution, qui n’est pas encore terminée.

Sur Twitter, Wael Ghonim continue d'adresser ses messages à la population égyptienne. "La révolution n'est pas terminée".

Avec d’autres cybermilitants, il a également rencontré l’armée pour discuter des réformes démocratiques promises, après la dissolution du Parlement et la suspension de la Constitution. Pour autant, Wael Ghonim affirmait sur Twitter mardi qu’il n’appartenait à aucun groupe politique : « Just a clarification to all Egyptians: I don’t belong to any political alliance. I don’t support anyone for presidency. Thats not my role ».

C’est donc de chez lui, sur son ordinateur, que Wael Ghonim a commencé à manifester. Comme de nombreux autres révolutionnaires, il a su tirer parti des réseaux sociaux sur Internet pour rassembler les revendications des Egyptiens. Et c’est aussi sur Twitter que le jeune cyberdissident annonce la sortie prochaine de son livre : « Révolution 2.0 »

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