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Le soulèvement algérien à l’heure du web 2.0

18 Fév

Parallèlement aux soulèvements populaires tunisien et égyptien, la situation politique et sociale s’est également dégradée en Algérie ces dernières semaines. Et ce, même si le mouvement de contestation reste pour le moment circonscrit à une part limitée de la population. Malgré les récentes promesses du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, la contestation algérienne maintient la pression, en particulier sur la toile. Le président historique de l’Algérie fait l’objet d’attaques virulentes de la part de ses détracteurs pour qui la « révolution » passera par les réseaux sociaux et la blogosphère correspondante.

Répression, intimidation et pression sont monnaie courante au sein de la société algérienne lorsqu’il s’agit d’émettre une opinion contraire ou dissonante à celle du pouvoir en place. Face à cet état de fait, les Algériens ont trouvé la parade : Internet.

Les réseaux sociaux et les blogs comme support de la contestation

En pleine effervescence, le réseau social Facebook qui a vu le nombre de groupes appelant à la mobilisation et au rassemblement, croître fortement. On peut ainsi noter la présence de groupes facebook dédiés à cette cause : Action pour le changement en Algérie, Récupérons notre Algérie ou encore Algérie liberté. Fonctionnant sur le mode des médias participatifs et citoyens, ils ambitionnent communément de donner la parole aux premiers acteurs de la vie algérienne, le peuple lui-même. Un exemple : le phénomène des Envoyés Spéciaux Algériens (ESA). Lancée par des étudiants algériens, cette page web a chamboulé la scène médiatique algérienne, notamment lors des émeutes du début du mois de janvier. Pour Younes Saber Chérif, l’un des fondateurs du projet, « le verrouillage du champ médiatique en Algérie a poussé les gens à chercher d’autres moyens d’expression. »

Cependant, l’apport des internautes n’est pas toujours aussi pertinent, à l’instar du groupe Bouteflika dégage, purement vindicatif. D’autres en revanche réfléchissent à l’avenir et organisent des marches populaires, comme la page Plus de paix, de démocratie et de développement en Algérie.

Une blogosphère engagée

Twitter n’est pas en reste, le site de micro-blogging a vu fleurir les profils et les pages consacrés au soulèvement algérien : freealgeria2011, FreeAlgeria ou encore vivadz2011. L’actualité nationale y est traitée heure par heure et fait l’objet de nombreux tweets et retweets.

Le web algérien foisonne de vidéos relatives à la répression des marches populaires.

De son côté, la blogosphère est également représentative de cet engouement. Plusieurs dizaines de blogs ont ainsi vu le jour, rejoignant l’historique Club des démocrates algériens (qui plaide l’instauration de la 2ème République) ou le forum Algérie-politique ; des espaces de libre expression. Des blogs ouverts au plus grand nombre, tels que Changement-Algérie, y côtoient des blogs plus personnels traitant du même sujet. Entre autres : Hchicha.net, le journal-blog d’un Algérien installé à Paris ou Mounadil qui se veut garant des points de vue sur le monde arabe en général, Algérie et Palestine en particulier.

La plupart des blogs communiquent à propos des marches nationales

Internet représente donc à l’heure actuelle le premier des outils démocratiques des Algériens, en dépit de la censure gouvernementale. Cet engagement citoyen est particulièrement manifeste sur les blogs et les sites communautaires du pays, principaux relais du ras-le-bol d’une majeure partie de la population.

Antoine Comte et Sorlin Chanel

Tunisie : Quand le monde entre en révolution

18 Fév

Ils n’étaient pas dans les rues de Tunis pour la Révolution de Jasmin. D’ailleurs, ils n’étaient parfois même pas en Tunisie. Et pourtant ils sont des centaines de milliers d’internautes à s’être mobilisés, sans même bouger de chez eux.

Eux, ce sont par exemple les milliers de Français qui ont participé aux manifestations virtuelles organisées sur Facebook, comme celle du 14 février. Une manifestation de soutien pacifiste en un seul clic.

Ce sont aussi les membres de la communauté Anonymous. Ce groupe de résistants hackers lance le 2 janvier l’opération « Tunisia » : une cyber attaque pour mettre hors-service le site du gouvernement tunisien. Opération réussie. « Ça a été vu comme une libération psychologique en Tunisie, d’après ce que nous ont dit nos contacts sur place. » (Un membre de la communauté sur liberation.fr).

D’autres, ce sont mobilisés sur Internet mais sont descendus dans les rues du monde entier. De Grenoble à Washington, des groupes, tel que « Tunisiens de Lyon », se forment sur Facebook. Les membres se réunissent pour manifester dans les rues. Haïder, membre du groupe, sait que cela a compté à Tunis : « Quand tu sais que tu as le monde avec toi, ça te donne la force. »

Du téléphone arabe à Internet

Dans ces communautés de sympathisants formées sur Internet, les informations circulaient. Le téléphone arabe laisse place au Web. Sur Twitter, on relaye les dernières informations en un seul clic : le nombre de manifestants, de blessés, les réactions, etc. Les internautes informent les Tunisiens qui n’ont pas ou plus accès à Internet, grâce au téléphone, au courrier ou même par le bouche-à-oreille de ce qui se passe dans le monde et dans leur pays. « Les gens se tenaient informer par Internet » (Slim Amamour, bloggeur tunisien).

Maintenant que la révolution est terminée, le monde continu d’apporter son soutien à la Tunisie. Exemple en France avec l’opération « 1 milliard de PAP (pages avec publicité) pour la Tunisie. » Une opération de sensibilisation depuis les réseaux sociaux pour que les acteurs économiques du Web offrent des pages publicitaires, et donc de l’argent, pour la reconstruction en Tunisie. Près de 100 millions de promesses de dons réunies pour l’instant.

Avec la Tunisie, la Terre a peut-être connu sa première révolution mondiale. L’Egypte a également pu compter sur un soutien international. Et un peu partout sur la Toile des appels à manifester apparaissent pour soutenir la Lybie et l’Algérie.

François Frualdo